Pages

mardi 19 août 2014

Taram et le chaudron magique (1985)


Réalisé par : Ted Berman, Richard Rich
Avec : Grant Bardsley, Thierry Bourdon, Susan Sheridan

Au coeur du pays de Prydain, un jeune garçon de ferme du nom de Taram se porte volontaire pour une mission héroïque. Equipé d'un glaive aux propriétés magiques, il doit empêcher le perfide seigneur des Ténèbres de tirer profit des pouvoirs surnaturels d'un mystérieux chaudron magique capable de lever une armée de guerriers surpuissants. Dans sa quête, il sera épaulé par la jolie Princesse Eilonwy, par Gurgi, une adorable créature tout en poils et par un attendrissant porcelet doué de clairvoyance prénommé Tirlir...
_________________

Véritable bête noire des studios Disney, Taram et le chaudron magique, dirigé par Ted Berman et Richard Rich, fut un échec cuisant au box-office à sa sortie en 1985, au point même d'être renié par ses propres créateurs. Adapté des Chroniques de Prydain de Lloyd Chudley Alexander, ce 32e long-métrage d'animation marque un tournant dans l'histoire des studios, puisqu'il est intégralement réalisé par la nouvelle génération d'animateurs, chargée de remplacer l'ancienne équipe partie vers une retraite bien méritée. Mais alors qu'on espérait un souffle nouveau pour la firme aux grandes oreilles, jugée has-been par ses détracteurs, ce premier essai (et dernier à ce jour) à l'héroïc-fantasy fut finalement chaotique. Cherchant à séduire les petits comme les grands, Taram et le chaudron magique rate le coche dans sa tentative de compromis. Et bien qu'il faille saluer cette volonté des nouveaux animateurs à sortir des sentiers battus, l'ambiance sinistre et sombre du long-métrage déstabilise, celui-ci devenant alors trop effrayant pour les enfants, mais demeurant trop enfantin pour les adultes. Ainsi, après des premières minutes plutôt douces et paisibles, le tableau s'assombrit rapidement en laissant place aux squelettes, à la magie noire, aux monstres, aux dragons, aux décors glauques, et à la musique angoissante. On aura même droit à un soupçon de sang, un détail important à souligner tant il est rare chez Disney.


Autre fait plutôt inhabituel, concerne bien sûr l'absence de chansons, qui ravira les réfractaires aux comédies musicales, tout en décevant les autres. Mais malgré ces points innovants, le long-métrage reste malgré tout assez "dysnéen", avec un schéma manichéen à souhait et des personnages stéréotypés, et finalement assez fades. On a du mal à se prendre d'affection pour Taram, un héros dépourvu de tout charisme, sans parler de la princesse Eloïse, agaçante au possible. Le script ne prend même pas la peine de se pencher sur leur passé, apparaissant ainsi comme peu fouillés et superficiels, à l'image de leur amourette totalement dénuée d'intérêt et de charme. D'autres personnages eux auraient pu être intéressants, mais sont finalement sous-exploités, comme les sorcières de Morva ou les elfes. Le barbe Ritournel quant à lui, est amené dans le récit comme un cheveu sur la soupe, et semble avoir été placé là dans l'unique but d'amuser la galerie et ainsi alléger le ton sombre du long-métrage. Tentative un peu grossière mais surtout ratée, car le film manque cruellement d'humour. Seul le sympathique et attendrissant Gurki (doublé en français par le grand Roger Carel), sauve un peu la mise, ainsi que Crapaud, le serviteur du vilain de l'histoire : le Seigneur des Ténèbres. Ce dernier fait d'ailleurs un méchant réussit, au physique cadavérique réellement effrayant, et qui n'est pas sans rappeler Chernabog, le démon d'Une nuit sur le mont chauve de Fantasia.


Mais quelques bons éléments ne font pas tout, loin de là, et ne sauvent pas le film qui souffre d'un scénario décousu, bancal, sans rebondissements ni consistance, avec des scènes qui se succèdent sans véritable sens. Il faut dire que la production de Taram et le Chaudron magique a connu quelques remous, avec notamment un changement conséquent avec l'arrivée de Roy Disney et Jeffrey Katzenberg à la direction des studios, qui exigent un remaniement profond du dessin animé déjà bien avancé. Perte de temps, d'argent, et surtout conséquence sur le qualité du film, qui se retrouve amputé là et là de plusieurs scènes, au grand dam des animateurs. Mais la jeune équipe réserve néanmoins quelques bonnes surprises dans leur volonté de révolutionner l'animation comme avait pu le faire leurs aînés. Ils font recours à des techniques hyper innovantes en matière d'effets spéciaux, qui caressent la pupille par endroits, mais qui alourdissent un budget déjà colossal. Alors est-ce par soucis d'économie, par bâclage ou tout simplement par manque d'expérience, le fait est que l'animation se trouve être finalement assez faible de façon générale. Dommage donc pour cette oeuvre (trop) ambitieuse, porté par une nouvelle vague d'animateurs bien déterminée à prendre la relève, mais qui semble ne pas avoir eu les épaules assez solides pour le projet. Le résultat est maladroit et inabouti, et l'échec commercial et critique s'en trouvera accablant. Le studio aurait pu ne pas s'en remettre s'il n'avait pas connu quelques années plus tard une véritable renaissance avec les succès retentissants de La Petite Sirène, La Belle et la Bête, et tant d'autres.

Ma note : 7/20

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire